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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 17:58

Si Peaux d'Ane m'était conté

Ce n'était pas pour m'empiffrer d'oignons rebondis et fallacieusement farcis ou de me gaver de châtaignes pyrénéennes, ni servir de tête de turc aux abois, ou à une paire de brunes et une blonde conjuguée, voire même à être hissé sur le parvis honorifique de la doyenneté, que mon père m'avait expédié vêtu de vert dans la ville rose, mais pour mieux meubler mes tours d'horloge, afin que, tout ennui banni leur rotation me parut plus accélérée. En conséquence, pour satisfaire à ce cher désir et désir cher, je ne manquais pas chaque après-midi (sauf celle du jeudi après-midi), d'aller prêter une oreille avide aux propos des robins des droits.

A vrai dire, ces vêtements noirs et flottants, plaqués sur leurs dessous civils, ne m'était pas complètement inconnu. J'avais déjà joui du spectacle d'une telle et théâtrale exhibition, mais avec parcimonie, une fois l'an seulement le jour de la lycéenne Saint-Sylvestre. Ici, par tradition ces hommes de cours, s'emparaient quotidiennement, ce qui avait pour effet de renforcer mon attention. J'écoutais, je suivais, je notais, j'accumulais d'utiles, d'infiniment utiles souvenirs. Quelle différence de traitement intellectuel, avec celui pourtant secondaire, subi à la Rohmerdière ! Ni leçon, ni devoir, ni composition, ni classement subtil, ni appréciation au quart de point. Cet état de choses, procurait à mon âme une légèreté de pensée. En revanche pas de prix, cela ne me gênais guère ! Une seule chose et de taille gigantesque, obsédante, le jugement dernier, "les examens" ! Pourtant chaque fois, je me tirais sans dommage de cette phase pleine d'embûches.

A quoi le devais-je ? Au favoritisme du destin ! A une mémoire sans défaillance ! A une assiduité aux cours ! Ou encore à une méticuleuse mise au propre de mes notes, à la lueur dorée de la petite lampe à pétrole, qui était la compagne de mes studieuses veillées.

Ces examens se passaient suivant divers entretient, en tête à tête et face à face avec chacun des professeurs, qui vous avez initié dans sa spécialité. Chacun portait son uniforme familier, pour ne pas effaroucher le candidat, la toque-boite à gants et à mouchoir. Hélas ! Les rôles étaient redoutablement inversé, les professeurs, muet, se muait en auditeur, et l'examiné expliquait le sujet du cours demandé.

A l'issue de ce savant monologue, tout comme au moyen âge, chacun vous remettait, en pensée seulement (peut être par mesure d'économie), une boule, soit : Noire qui signifiait mal, soit une boule rouge et noire qui signifiait médiocre, soit une boule rouge qui signifiait passable, soit une boule rouge et blanche qui signifiait assez bien, soit une boule blanche qui signifiait bien. Ainsi, pas de complications arithmétiques ! La faculté s'occupait de droit, pas de sciences. L'astuce pour "l'impétrant", c'était de pécher les bonnes couleurs.

De sorte, je décrochais en 2ième année le baccalauréat en droit et la 3ième année, la licence en droit. Ce sont deux diplômes de luxe rédigés sur parchemin, comme celui du baccalauréat ès lettres, la peau d'âne, qui remplit d'orgueil la coupe d'amour propre paternelle. Ce fût l'aboutissement de 19 ans, 8 mois, 13 jours d'efforts du 1-10-1894 au 13-7-1914. Aussitôt je songeais au doctorat, lorsqu'un évènement …

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